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Interview d'Adam Loys – L'état du Béhourd en France

Dans cette interview de septembre 2024, Adam Loys, responsable de club, revient sur l’état actuel du Béhourd en France, les défis à relever et les ambitions pour structurer davantage le sport. Entre développement des tournois, amélioration de la communication et professionnalisation de la discipline, ces objectifs seront-ils atteints en 2025 ?

Présentation

Je suis Loys Adam, j'ai 35 ans et cela fait maintenant six ans que je pratique le Béhourd. Le club Metz Béhourd a été créé en 2018.

Peux-tu nous décrire l'état actuel du Béhourd en France ?

En France à l'heure actuelle, on va avoir, je dirais presque 30 équipes, entre toutes les nouvelles qui se sont créées, les fusions, etc.

Je pense qu'en termes de pratiquants, on doit être aux alentours des 1000, mais en termes de tournoyeurs on doit être dans les 300/400.

Comment s’organisent les tournois de Béhourd en France ?

Les tournois de Béhourd en France sont pour la plupart organisés par la Fédération Française de Béhourd ou alors ça peut être des tournois organisés par les clubs ou par des villes ou même des monuments, comme par exemple le Château Faugas, qui va organiser son événement, mais ils vont faire appel à la Fédération française pour aider à construire, et aussi aux clubs locaux.

Quels sont les principaux défis auxquels la Fédération Française est confrontée aujourd’hui ?

Alors les principaux défis, je pense que c'est l'évolution du sport. On est un sport jeune, mais avec une tendance à rester un peu sur des vieux appuis. Donc il y a un balancement qui commence à se faire justement vers la nouvelle génération du sport. Le nouveau défi de la Fédération Française aujourd'hui, c'est de transformer le Béhourd.

Comment la Fédération promeut-elle le Béhourd auprès du grand public ?

En grande majorité, on essaie d'alimenter les réseaux sociaux, ce n'est pas évident. On fonctionne beaucoup avec des bénévoles, tout le monde a une vie, des activités à côté et la plupart des gens qui vont aider à la communication pour la Fédération font déjà ce travail pour leur club respectif donc ce n'est pas évident. Mais effectivement, on va retrouver ça sur les réseaux grâce au tournoi, aux Live des tournois, mais tout ça encore une fois ça reste à améliorer, comme toujours.

Quelle est la fréquence des tournois en France et comment sont-ils financés ?

Alors en France, ça va dépendre des années. On est sur une descente en termes de nombre de tournois par an. Là, je crois qu'on est sur 5 tournois cette année (2024), l'année dernière, on en avait 4 (2023) et pour les années précédentes, il me semble qu'on était plus aux alentours des 6/7 quand même.

Les tournois doivent être espacés au moins de 20 jours, là, c'est beaucoup plus, mais très regroupé en juillet/août parce que pour l'instant on dépend encore beaucoup des financements extérieurs, donc des fêtes médiévales etc, pour nous financer. C’est par exemple, un des changements qu'on veut essayer d'apporter, se calquer sur une vraie saison sportive, c'est-à-dire juillet/août, c'est censé être la trêve et commencer à être un peu plus autonome sur l'organisation de tournois.

Comment les équipes en France de Béhourd interagissent-elles entre elles ? Existe-il un esprit de compétition ou plutôt de camaraderie ?

Je pense qu'il y a les 2. Il y a forcément l’esprit de compétition, car on fait du sport encore une fois. Mais c’est une compétition saine. Alors effectivement, c’est un sport de combat donc il s'agit quand même d'aller heurter l'adversaire, d'aller le mettre au sol, donc il y a forcément une espèce d'animosité, mais qui se passe en lice. Hors lice, il n'y a pas de ça, comme dans n'importe quel sport.

Et justement, il y a de très belles choses qui se font en France, il y a beaucoup de grands clubs qui vont prendre sous leurs ailes, des plus petits clubs, des structures qui viennent de se monter pour justement les former, les permettre de connaître le Béhourd et après pouvoir voler de leurs propres ailes. Donc ça, ça fait partie de l'esprit de camaraderie qu'on peut voir dans le Béhourd.

Après, vous pouvez aussi voir des interclubs qui se mettent en place, c'est-à-dire des rencontres entre plusieurs clubs d'une région pour justement développer le sport dans leur région, améliorer leur technique, etc.

Quels sont les projets pour développer davantage le Béhourd en France ?

Là, c'est compliqué. Je vais dire encore une fois l'augmentation du nombre de tournois. Après, effectivement, je pense qu'il y a une communication un peu manquante sur certaines choses au niveau des équipes. Mais en fait, c'est drôle, on est un sport jeune donc tout est à créer. On essaie de balayer des choses qui se faisaient avant.

C'est bizarre à dire, car c'est un sport jeune, mais on entend souvent la phrase, "c'était mieux avant" alors qu'on est très jeune dans le sport, donc ça fait un peu bizarre. Moi, je suis arrivé au bureau de la Fédération il y a 4 ans avec des gens qui en faisaient déjà depuis 12 ans et qui me disaient “on n'a jamais fait comme ça, on fera jamais ça comme ça” mais on ne peut pas, comme on a dit, on est un sport jeune, si on stagne maintenant, on est vouée à disparaître.

Il s’agit donc de redynamiser le sport ?

Oui, c’est ça, faire que le sport devienne un sport et plus une rencontre de médiéviste qui boit des bières, UN SPORT. Mais avec ce qui va avec, c'est-à-dire autant une belle mentalité parce qu’avant, tu sais, t'arriver sur des tournois, moi, je l'ai vu quand j'ai commencé à monter le Club, j’arrivais sur des tournois, t'avais un espèce de clivage entre les équipes. Les grosses équipes du haut du panier qui ne se mélangeaient pas avec les petites.

Là, maintenant, il y a une vraie ambiance. Où les grosses équipes commencent à dire qu'en fait si le niveau général augmente, c'est quand même mieux parce que c'est bien de venir le week-end pour taper les potes et leur rouler dessus en 30 secondes, mais si on commençait un peu tous à suer du cul ça serait bien aussi.

Donc ça se développe dans ce sens-là, il y a plus vraiment d'équipes qui mettent une drôle d'ambiance sur les tournois. Il y a des équipes qui sont encore des vieux de la vieille où ils ont une mentalité que moi, je trouve archaïque dans le sport, mais ce n'est pas grave, ça évolue, tout évolue. Pour moi, l'avenir est positif pour le Béhourd.

Comment la Fédération gère-t-elle la sécurité lors des tournois ?

La sécurité, elle est gérée par plusieurs choses. Déjà, il n'y a pas un tournoi qui se passe sans service de sécurité secouriste.

Après, il y a aussi une autre sécurité. C'est une sécurité administrative. C’est celle d'être sûr que les combattants qui combattent sont bien enregistrés, sont bien identifiés par la Fédération. Parce que ça, c'est un problème qu'on peut se poser. Ce sont les gens qui regardent des fois des vidéos qui se disent bon en fait, "il suffit d'avoir une armure et d'y aller". Non, non, il faut rentrer par un club, faut rentrer par une structure et ça, c'est le travail de la Fédération, c'est d’identifier, donner un numéro de combattant, d'identifier chaque personne qui rentre. Pour moi, c'est une partie de la sécurité et c'est après, au travail des clubs en termes de sécurité, de s'assurer que leurs combattants soient bien formés aux règles. Parce que des combattants pas formés ou des combattants indépendants qui viendraient comme ça, c'est dangereux en lice parce qu’on ne sait pas si justement, ils ont appris les règles correctement, si on peut entre guillemets leur taper sur les doigts s'ils font des erreurs, parce que si tu n’appartiens à aucune structure et qu'on te dit ce que tu fais, ce n'est pas bien, tu peux dire “Ouais, mais vous êtes qui pour m'empêcher de faire quoi ? Je fais un peu ce que je veux” et ça, c'est ce qui existe maintenant avec Buhurt international pour l'étranger.

Mais je pense qu'il faut que maintenant les fédérations et les pays se mettent tous en joint pour demander un secrétariat figé, fixe entre guillemets sur les contrôles, c'est-à-dire que moi ça me dérangerait pas, comme ça se fait dans d'autres sports, d'avoir un contrôle d'identité que chaque combattant passe un contrôle d'identité au secrétariat pour dire “je suis Adam Loys, je viens m'inscrire au tournoi, c'est bien moi qui serai dans l'armure avec le numéro 1”. Parce qu'encore une fois, tout le monde ne se connaît pas forcément. La fédération s'est tenue par des bénévoles et en fait moi, je fais venir mon cousin, on l'inscrit sous le nom d’Adam Loys sur le tournoi, il vient avec mon armure, personne ne le connaît, mais les gens vont se dire bon, ça doit être un nouveau Graoully, on ne se pose pas de questions. Voilà ça, ça fait partie d'une sécurité administrative.

Après, pour la sécurité, bah il y a les règles, il y a les arbitres, il y a les secouristes, il y a la formation dans les clubs et les règles internationales qui fait qu'en fait, peu importe le pays dans lequel on va ou le pays qui vient, on pratique la même chose, ce n'est pas au petit bonheur la chance. On a des règles et c'est pour moi la plus grosse sécurité.

Existe-t-il des collaborations avec d’autres fédérations internationales ?

Les échanges avec les fédérations internationales, c'est assez maigre parce qu'en fait chaque pays est vraiment géré différemment. Par contre, entre équipes, c'est déjà plus possible. Je pense que les contacts se font plus par équipes que vraiment par Fédération.

Dès qu'on fait un tournoi, on ouvre le tournoi à l'international, on l'ouvre sur nos réseaux, mais on ne va pas contacter les fédérations européennes ou mondiales pour dire “voilà, on va faire un tournoi, parlez en à vos équipes” comme en fait tout est tenu différemment, on fait plutôt du mailing par équipe plutôt que par Fédération.

Quelle vision la Fédération Française a-t-elle pour l'avenir du Béhourd en France ?

Un avenir sportif mais vraiment purement sportif. Après, on fait un sport où effectivement, on est en tenue de chevalier, on a des règles historiques ou d'authenticité à respecter.

Mais maintenant je pense qu'il faut, selon mon point de vue, commencer à balancer le curseur sur le côté sportif par le langage commun du sport, les règles bien établies, internationales, de respecter une fédération internationale parce que là, pour l'instant, on commence des tournois, on entend encore parler de HMB, Buhurt international, IMCF : “On garde cette règle de ce truc-là, mais ce truc-là, de ce machin”, c'est impossible. Maintenant l'avenir, c'est une règle, une fédération internationale, une fédération nationale, les clubs et le sport.

Un grand merci à Adam Loys d'avoir répondue à nos questions !